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L'actualité du 2 février 2022

02/02/2022  - Blog

L'actualité du jour en 3 points

 

1. Un rapport de force bien déséquilibré…

Si les observateurs ont ces dernières semaines concentré leur attention sur la politique de la Réserve fédérale américaine, le risque géopolitique ne fut pour autant pas absent de leurs préoccupations. Comment expliquer le durcissement de la politique du président russe ? Le timing avec lequel Vladimir Poutine accentue la pression sur l’Europe de l’Est (et par extension sur l’Union européenne et les États-Unis) n’a rien d’anodin. Après plusieurs années de sanctions économiques et diplomatiques, la Russie vient de retrouver une marge de manœuvre budgétaire forte avec le rebond du prix du baril de pétrole. Le niveau historiquement bas des stocks de gaz en Europe lui donne un atout supplémentaire de taille. En se présentant comme l’homme de la situation qui cherche à stabiliser le marché sur le long terme, Poutine tire habilement la couverture à lui. L’objectif de la Russie, à travers ses actes récents, pourrait être de forcer l’Europe à renégocier des contrats plus favorables au profit de son soutien proche qu’est Gazprom. Un redémarrage rapide du projet de gazoduc Nord Stream II serait également très bénéfique pour la Russie. N’oublions pas enfin, que sur le plan géopolitique, la Russie (et l’ex-URSS il y a plus longtemps) a toujours tenu à limiter la présence des pays membres de l’OTAN à ses propres frontières (Finlande, Autriche avant l’effondrement du bloc soviétique). L’enjeu est donc de taille pour Vladimir Poutine qui compte bien rappeler à l’Ukraine que rejoindre l’organisation militaire aurait des conséquences sérieuses. Face à Vladimir Poutine déterminé, l’Europe et les États-Unis tentent de jouer la carte de l’apaisement tout en apportant leur soutien à l’Ukraine. Le président américain, Joe Biden, se trouve cependant fragilisé au niveau international par l’échec afghan de l’été dernier. Sa communication pour le moins ratée sur le cas ukrainien n’a rien arrangé …

Côté européen, les principaux acteurs de cette crise diplomatique que sont l’Allemagne et la France ne savent plus sur quel pied danser. La dépendance au gaz et au pétrole russe (en particulier en Allemagne où les centrales nucléaires sont à l’arrêt depuis 2011) reste forte (d’autant plus alors que les exportations de gaz liquéfié américain pourraient ralentir compte tenu de la vague de froid subie par nombre d’États américains), et le rebond du prix des matières premières limite leurs options pour se fournir différemment. Emmanuel Macron et Olaf Scholz se sont toutefois montrés très actifs pour proposer des solutions diplomatiques, et des rencontres sont d’ores et déjà planifiées entre les acteurs afin d’en venir à une solution pacifique. Pour quelle issue ?

 

2. Faut-il craindre un durcissement ? 

Il se murmure dans les milieux autorisés que la probabilité d’une escalade des tensions actuelles ne serait plus si forte. En d’autres termes, l’offensive de Vladimir Poutine pourrait ne pas déboucher sur une invasion armée de l’Ukraine par les troupes russes. Des escarmouches à la frontière avec l’Ukraine auraient bien sûr pour effet de provoquer un regain de tensions sur les marchés à court terme… mais ne devraient pas provoquer de crise économique à plus long terme. Le levier dont dispose Vladimir Poutine évoqué précédemment lui permet avant tout de renforcer sa posture vis-à-vis de l’Europe en forçant cette dernière à renégocier ses contrats avec Gazprom. Par ailleurs, le chef du Kremlin (qui a nié toute velléité de couper le robinet de gaz vers l’Europe) a semble-t-il augmenté depuis mardi la cadence de livraison de gaz à destination de l’Europe de l’Ouest, provoquant ainsi une légère détente sur les prix. Cette décision, qui a de quoi surprendre, rappelle que le chef du Kremlin cherche aussi à ne pas se mettre à la faute, en continuant d’honorer les contrats existants avec le Vieux Continent.

L’issue de cette crise semble donc se préciser : Vladimir Poutine profite d’un timing favorable et d’une situation économique (qui était jusqu’ici son talon d’Achille) qui s’améliore pour rebattre les cartes de la diplomatie internationale. En sécurisant ses intérêts économiques, et en tenant ses rivaux à bonne distance, le président russe prépare l’avenir…

 

3. Prudence à Francfort !

Le taux de chômage a poursuivi sa décrue et se rapproche désormais de son plus bas atteint en 1998 ! Un signal supplémentaire de l’efficacité des mesures de soutien prises par les gouvernements durant la crise économique mais également de la vigueur de la reprise économique actuelle. Notons toutefois que des disparités perdurent dans l’Euroland… Ainsi, si le taux de chômage traduit outre-Rhin un retour proche du plein emploi, l’Espagne dispose quant à elle encore d’une main d’œuvre importante à ramener sur le marché de l’emploi. Ces écarts justifient en partie que les tensions salariales soient bien moins importantes (pour ne pas dire inexistantes) qu’aux États-Unis. Le niveau d’inflation élevé s’explique en revanche bien davantage par les tensions sur les prix des matières premières. La BCE a, compte tenu de tous ces éléments, confirmé en cette fin de semaine que le retrait du soutien monétaire s’annonçait graduel. Rappelons à ce sujet que des pays comme l’Italie ou la France ont des programmes d’émissions obligataires très importants en 2022…

 

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Crédit image : Dessin d'Emmanuel Chaunu, caricaturiste et dessinateur de presse français
Sources : WiseAM, La Parisien, Le Figaro, Le Monde, France Info, France Ouest, RFI, LinkedIn, La Croix, Le Temps, l'Indépendant, Europe 1, Sud Ouest, Le Grand Continent, La Libre, Les Echos Investir
Achevé de rédiger le 02/02/2022



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